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De retour de Charlevoix ...

L’AUTHENTICITÉ, L’IDÉAL ET L’INDIVIDUALITÉ OU ISME.

Après avoir parlé de liberté d’expression et après avoir passé quelques jours en Charlevoix, berceau québécois des peintres, à voir des expositions et à rencontrer des artistes, le sujet qui en ressort concerne l’individualisme.

On ne parle plus d’écoles ou de tendances, mais bien du travail personnel de l’artiste, un travail acquis à la dure, une véritable conquête pour l’artiste qui cherche, expérimente et présente des œuvres à son image, des œuvres représentant ses croyances spirituelles, politiques, poétiques. Le respect de l’individualisme est protégé par la loi dans notre société. Plus rien ne doit brimer cette liberté, ni la tradition, ni la famille, ni les besoins économiques. La seule balise qui demeure encore c’est notre limite morale ou du moins ce qui en reste chez certains. Les artistes sont des femmes et des hommes libres et cette place leur est donnée par leur accomplissement, leur talent et leur capacité d’exprimer et de partager leurs expériences de vie, leurs émotions les plus profondes, leurs sentiments. Il faut faire preuve d’une grande générosité pour se faire et personne n’y pense vraiment.

L’Académie a toujours représenté pour nous tous un idéal, ses membres ne sont pas des héros sortis du cosmos pour donner leur vie pour une cause pour autant, non, ils sont plutôt un groupe d’artistes sensibles à la beauté, à l’esthétisme, à l’originalité, à l’authenticité et oui le mot est lâché «authenticité». Mon texte est prêt, ce sera l’objet d’un autre édito-blog qui sera entièrement consacré à ce sujet.

Comme dans les siècles passés, certains artistes marqueront l’histoire de l’art grâce à l’unicité de leur Œuvre, ce legs sera à la grandeur de leur vie, il représentera un héritage culturel et patrimonial important. D’autres, durant la même époque, mènent une vie éloignée des préoccupations de la société dont ils devraient pourtant témoigner, se détournent du rôle moral, social et/ou politique de l’artiste et produisent des œuvres en série, vaines et déconnectées. Ils suivent des modes et harmonisent les «chromos» avec les couleurs des murs et des divans. Rien de changé dans notre monde, on écrivait cela il y a déjà des décennies.  

Ce soucier de soi-même c’est bien, mais ne se soucier que de soi-même nous fait vivre dans une société étriquée. Les artistes sont souvent aspirés dans le tourbillon de la productivité et non dans la paix de la créativité, mais la réalité économique oblige et seul un bien petit nombre d’artistes «élus» peuvent oublier cette réalité. La valeur monétaire est donc reliée à l’œuvre d’art, c’est bien, en autant que le processus de création de l’artiste n’y soit pas soumis lui aussi. Le fil est mince et les hauts fonctionnaires favorisent en l’occurrence l’art contemporain de pointe, en encourageant trop souvent des projets novateurs peut-être, des installations sans surprises et souvent sans aucune valeur artistique, présentant des résultats désolants. Pourquoi ne pas encourager les créateurs reconnus aussi par leur pair et leur faciliter l’organisation d’expositions d’envergure dans les salles reconnues et prestigieuses. Oui, les beaux-arts existent encore !

Il faut que l’Académie soit forte pour pouvoir défendre ce point de vue, pour que les artistes conservent leur individualité de genre et de style. Il faut que tous les artistes participent à des activités de plus en plus nombreuses et diversifiées. Avoir le poids du nombre nous permettra de représenter nos membres de façon plus efficace. Nous devons traiter avec un monde ou la bureaucratie et la lourdeur administrative sont des écueils quotidiens.

Je ne désire pas retourner en arrière bien que je sois amoureuse de plusieurs périodes antérieures de peintures. Je n’ai pas peur non plus de l’ère technologique que j’ai apprivoisée pour ma part depuis plus de 40 ans. Souvenons-nous à l’époque de la peur éprouvée par les artistes devant l’avènement de la photographie. Les découvertes scientifiques réalisées depuis facilitent pourtant notre quotidien. Il faut en reconnaître les bienfaits, mais aussi les limites et les nuisances. 

Que se passe-t-il dans nos universités ? On rejette l’enseignement traditionnel pour laisser libre cours à la créativité. C’est bien beau, mais c’est aussi un non-sens, pas mal limité. Existe-t-il un art, une profession ou même un métier quel qu’il soit qui n’exige aucune formation académique ou même autodidacte. Le musicien apprend la théorie de la musique et fait ses gammes avant d’appartenir à un orchestre et de donner un concert. Le danseur fait ses étirements à la barre, son entraînement de gymnastique, il apprend ses pas de base et fait des arabesques avant de participer à une chorégraphie ou de devenir chorégraphe. L’écrivain, pour sa part, commence par apprendre son alphabet, à tracer ses lettres, à maîtriser ses règles de grammaire et ensuite il se doit de lire, de trouver son style et ensuite de travailler et travailler encore avant de présenter une simple rédaction, un article, un essai. Le chanteur fait des vocalises, apprend la pose de la voix, fait ses exercices respiratoires. Il apprend quelques chansons, crée un répertoire qu’il personnalise au fil du temps, compose paroles et musique s’il est auteur-compositeur-interprète, enrichit ledit répertoire tout au long de sa vie. Il commence ensuite à faire des tournées en régions dans de toutes petites salles et des bars. Chante dans une chorale, devient parfois choristes le tout avant de faire la première partie d’un chanteur plus connu. Beaucoup d’appelés et bien peu d’élus. Les humoristes, quant à eux, lorsqu’ils sortent de l’école de l’humour et doivent procéder avec rigueur à l’écriture de leur numéro, ils sont souvent entourés pour ce faire, d’une équipe de scripteurs chevronnés, d’un metteur en scène et d’un spécialiste en musique, en décor etc.

Et que se passe-t-il dans le domaine des arts visuels ? On va chez un vendeur de matériel d’artiste où les conseils se font rares et les vendeurs sont peu expérimentés pour la plupart. On achète ce qui nous tente, on suit son instinct, on «crée» quelques tableaux et en avant, on s’inscrit à un salon ou un symposium peu exigeant. On peut aussi, si nos moyens financiers nous le permettent, organiser une exposition solo en louant un mur quelque part. On expose ses «œuvres» d’artiste-peintre «chevronné» quelques semaines plus tard. Notre famille, nos amis, leurs visiteurs nous achètent une toile… comment faire autrement, s’abstenir… c’est gênant non ? Et puis, tout le monde en parle, ils ont entendu quelque part que si on écoute ses émotions les plus profondes, si notre peinture nous ressemble, nous faisons partie de l’art contemporain de pointe et que nos motivations et nos installations sont tellement bien expliqués que c’est si novateur, si songé, si intéressant, si nébuleux, si inutile, si peu esthétique que nul n’y sera indifférent et que vous ferai partie du mouvement d’avant-garde, de pointe,  expérimental éphémère ou non.

Je m’inscris en faux face à toutes ces démarches artistiques stériles. J’aime bien que l’artiste sache dessiner et former avant qu’il décide de déformer. Je pense que la peinture est une démarche personnelle, à moins qu’elle ne soit intégrée à un projet collectif, et que l’artiste exprime les sentiments qui l’anime, ses convictions profondes, le tout avec maestria, pourquoi en serait-il autrement ? Pourquoi en peinture et en sculpture on ne devrait rien connaître, rien maîtriser et que tout le monde serait artiste… Je chante, je ne suis pas une chanteuse de talent pour autant. Pourquoi tout le monde arriveraient à des résultats exceptionnels en peinture même s’ils n’ont rien appris, rien maîtrisé préalablement auprès de maîtres en beaux-arts possédant des connaissances et sachant les guider ? Ces artistes pourront par la suite user de millénaires de tradition, du support du dessin, de la transmission des maîtres, pour créer de leur propre chef des œuvres à leur ressemblance, créatives et généreuses. Certains artistes transmettront les traditions à leur tour, d’autres favorisant la recherche, présenteront des concepts avant-gardistes et des installations novatrices préoccupés qu’ils sont de se différencier obligatoirement. Je suis d’accord avec cet énoncé si la production artistique est valable et ne nous fait pas tourner en bourrique ou nous conduire dans des dédales d’élucubrations et de gargarismes intellectuels indignes du moindre intérêt.

À l’Académie, nous sommes désireux de diffuser les œuvres d’artistes talentueux présentant tous les genres et tous les styles, et ce, à de différents niveaux d’expérience. Pour que la production artistique soit valable, l’artiste doit se connaître et pour mieux se connaître il doit peindre, peindre et encore peindre sa vision personnelle du monde. N’est pas artiste-peintre ou  sculpteur qui veut, on le devient avec le temps et uniquement en faisant une production artistique valable qui se démarque de la production de la masse. Oui de la masse… car, il y a des dizaines de milliers d’artistes qui en ont la prétention. Le talent, la volonté de créer, la volonté de chercher, la volonté d’améliorer son art d’une exposition à l’autre, la volonté de diffuser son art au plus grand nombre et une générosité de partager une vision idéale ou politique ou sociale démarque l’artiste qui interprète sa perception de la réalité qu’il magnifiera, reproduira, enlaidira tout à loisir, il donnera vie à sa création, une œuvre-vérité originale. C’est essentiel pour dans toute démarche artistique valable.

Quand on parle d’art on transcende l’individu. Tenter d’atteindre son idéal à travers une expression artistique ressentie, personnelle et authentique.
L’individu se dépasse et vise un souvent un idéal. C’est cet idéal des artistes-peintres et sculpteurs qu’à l’Académie nous désirons partager par la diffusion d’œuvres d’art originales, donnant ainsi une vitrine exceptionnelle aux œuvres qui autrement resteraient ignorées aux yeux du spectateur.
Dans notre société définie par certains de bureaucratie, de société capitaliste ou de société individualiste, c’est selon, l’artiste tient un rôle de passeur de flamme de son idéal de vie. Il le transmet. Il est important de sensibiliser les plus jeunes que cette partie des arts visuels, que nous continuons et nous nous plaisons à nommer beaux-arts ou arts plastiques existe encore et que nous en sommes fiers. Elle comporte des œuvres contemporaines perpétuant les plus anciennes traditions, certaines relevant du classicisme, de l’impressionnisme, de l’expressionnisme, du cubisme, de l’abstrait, d’autres trouvent leurs racines dans le mouvement du Refus Global et l’individualisme de notre époque et tous sont évidemment contemporains.

 

 

 


26 Réaction(s) Écrivez vos réactions à ce texte »

Mydée
2013-09-25 @ 22:01:50

Je me permet de dire très chère Caroline et très cher Louis qui fait maintenant partie de ton esprit. Je sais pas trop ce qui se passe mais en ce moment j'écoute une vidéo d'un des spectacle des Bee Gees question de me relaxer les épaules. Et me voilà bien assise tout en jetant un oeil sur mon courriel. Puis ton blog sur l'authenticité me touche une corde sensible. Voilà pendant au moins trois années je faisais partie de l'Académie dans un but précis, celui de faire partie d'un groupe d'artistes afin de connaître des artistes de la grande région de Montréal. Durant ces années et avec mon baluchon contenant mes études en art ,histoire de l'art et design je voulais justement créer des oeuvres uniques venant du plus profond de mon moi. Car pour une fois je mettais mon enseignement de côté afin de vivre intensément de l'authenticité de mon art. Sur le marché des galeries on me demanda justement de produire des oeuvres en séries, vaines et déconnectées. Alors poliment j'ai critiqué ces propriétaires de galeries qui ne pensent qu'en fonction du marché. Je me souviens de l'un qui me disait de faire selon les couleurs à la mode. Ouf! une chance qu'avec mes quinze ans d'expériences passées en décoration je ne me suis pas fait influencer. Car vois-tu,je sais faire la différence entre une toile décorative et une oeuvre. Ce qui me donne cet aspect critique vis à vis ce marché. Je peins depuis toujours et je continue et je ne veux pas me laisser influencer par le marché. Alors voilà tout cela pour te dire comment j'apprécie ton beau texte. Que je vais imprimer et encadrer dans mon atelier tellement j'apprécie ce qui est énoncé.

FranceMALO
2013-09-26 @ 00:03:13

Je te remercie Caroline pour ce texte qui exprime bien les pensées de plusieurs artistes peintres et sculpteurs de carrière. Les exemples ne peuvent être plus clairs pour révéler une situation qui pénalise actuellement les artistes dits "matérialistes" par certaines autorités universitaires dans le domaine des arts visuels... Ceux mêmes qui sont favorisés par les subventions et l'aide gouvernementale.

Ursula Kofahl Lampron
2013-09-26 @ 00:32:22

Caroline, tu sais bien que ça faire presque 1 an que je mis mon art et mes mobiles en question, alors c'est pour ça la ralentissement de mon production artistique. Avec votre lettre vous avez touché précisément à le problème. Je me fait questionne jusqu'à la plus profond de mon cœur et en conséquence je pris la décision de recommencer ma peinture en pleine temps mais avec seulement un mobile - de faire plaisir à moi, de trouve cette moi avec mon travail artistique et de continuer d'apprendre mon profession. Je ne veut plus apporter l'attention à les galeristes qui veut seulement vendre des œuvres pour faire l'argent, qui choisir les œuvres par leur goût personnel et non par le talent de l'artiste ou la connaissance artistique. J'ai pas la belle parole en Français et je sais que ma note manque la finesse et que je risque peut-être de être mal compris, mais sache que je fait ça avec bon cœur - merci pour te texte si bien écrit et compris, merci pour l'Academie!

zeimet Nicole
2013-09-26 @ 08:10:54

je suis restée longtemps devant ton texte si réaliste et si" résonnant " en moi seul un esprit éclairé pouvait nous toucher aussi profondément merci

Côtyne
2013-09-26 @ 08:33:29

Caroline, j'ai toujours autant de plaisir à faire lecture de tes réflexions profondes. Le commentaire de Mydée est très pertinent quand elle fait la différence entre la toile décorative et l'oeuvre d'art. Notre siècle offre à cette société de consommation qu'est la nôtre des toiles imprimées en série au "beau, bon, pas cher et jetable" pour agrémenter le décor des pièces qui sont changées régulièrement selon la tendance du jour. Voilà sur quoi,les artistes sont confronter à tous les jours. Le travail de qualité fait à la main est remplacé par l'imprimé jetable fait en séries. Je pense à tous les individus qui réclament un taux horaire salarial adéquat à leur employeur selon la qualité du travail exécuté et qui me demandent de m'exécuté quasi bénévolement pour eux parce que je suis... une artiste!!!

Gabriel Lavoie
2013-09-26 @ 08:41:32

Bonjour Caroline,

Je trouve que ce texte est un merveilleux outil qui résume bien le monde artistique d'aujourd'hui, avec toutes ses transformations et remises en questions. C'est un beau cadeau que tu nous offre en nous transmettant de manière claire et précise ton point de vue...cuvée 2013. Je suis certain que plusieurs artistes,y compris moi, y trouveront des réponses...à leur questionnement. Merci de tout coeur Gabriell

Francine Langlais
2013-09-26 @ 09:08:48

Je suis pleinement d'accord avec votre vision de l'Art.Après mes 40 années d'expérience en art,je suis toujours d'avis qu'un vrai artiste décide de l'oeuvre à créer selon sa pensée,c'est son expression personnelle de son environnement,selon ses goûts.appliquant ses connaissances acquises et se perfectionnant,on a jamais fini d'apprendre dans ce vaste domaine.Et si on croit avoir inventé quelque chose,on ne s'est servi que d'autres matériaux plus nouveaux et des techniques apprises d'autres artistes.Ça fait longtemps que je ne fais que ce que j'aime en art,n'ayant pas à gagner ma vie de cette façon.Je peux donc refuser des commandes qui ne m'intéressent pas(J'haï les commandes)ça me coupe l'inspiration.Je ne cours pas les galeries pour y exposer.J'ai des invitations ,mais on me demande de produire des oeuvres .qui ne me parleraient pas .Aussi je suis bien dans ma production,pas très abondante.Je participe aux expos qui m'intéressent et sur invitation.Je me sent bien de faire partie de l'Académie qui une famille pour moi.Merci de me lire .

Manon Potvin
2013-09-26 @ 09:11:49

Quel bonheur de lire cet édito, Merci Caroline! Ça traduit parfaitement le constat que j'en suis venu à faire. Par contre j'ai aussi réalisé que peu importe les circonstances, on fait son chemin. Il n'y a rien pour nous arrêter lorsqu'on est en parfaite accord avec la volonté de notre âme. C'est puissant comme l'eau qui s'infiltre par la moindre des fissures et qui suit son cours en prenant de plus en plus de force au fil du parcours.

Louis Julien
2013-09-26 @ 09:59:05

La vie d'artiste est loin d'être facile. Ceux qui pensent qu'on a juste à tirer de la peinture sur de la toile et dire haut et fort:' voici une oeuvre d'art', se trompe à merveille. Mais notre société n'est pas dupe, elle sait reconnaître le talent. L'Artiste doit à partir de ces connaissances, de son vécu, au delà de ce qui a déjà été fait, réussir à concevoir une oeuvre d'Art unique et ce jour après jour. Car chacune d'elle se doit d'être un exploit , un chef d'oeuvre avant d'y apposer sa Signature. L'Artiste se doit d'être toujours en mode recherche, expérimentant un nouveau thème, une nouvelle couleur ou une nouvelle émotion.

Je pourrais écrire des heures et des heures sur ce que doit penser et faire un Artiste. Mais à la fin, tout ce qui restera de nous... lorsque nos paupières s'éteindront et que les visages se suivront dans une valse sans fin,se sera, uniquement l'Oeuvre. Alors il est plus qu'important de travailler sur ses créations, sur notre devoir en tant qu'artiste de transmettre aux autres générations notre savoir. L'Artiste se doit de traverser le temps non pas en copiant ce qui a été fait, mais bel et bien, en donnant à ceux qui n'ont pas la chance de créer, des oeuvres inédites, d'une qualité hors du commun. Et c'est juste de cette façon que l'univers se souviendra de la l'empreinte de l'Artiste. Soit à travers sa création qu'il a donné et ce à chaque coup de pinceaux, par son souci du détail et par sa joie de peindre et de créer dans un univers unique et changeant. Se démarquer, rechercher la nouveauté, et laisser libre son esprit remplit d'émotions... Tout est là, rien de plus. Chacun étant unique alors... Bonne création à Tous et faites avancé l'art en créant des oeuvres uniques et accomplis.

Jocelyn Morneau
2013-09-26 @ 10:05:53

Bonjour Caroline,

Un texte qui me va droit au cœur. Merci pour ce franc-parler qui t'anime et qui nous remet sur le rail du vrai chemin.

Oui c'est vrai qu'on doit plier l'échine si on ne produit pas au goût du marché et on voit ca dans plusieurs symposiums. Produire pour faire plaisir, parce que ca va bien aller avec l'ameublement de madame: tableaux gonflables avec mentalité de consommateurs gonflés! Cette dure réalité du marché 'qu'il faut être à la mode', je compare ca à de la prostitution... Mais où en sommes-nous rendus à produire pour le plasir des autres? Un tableau, ce n'est pas un cellulaire qui doit dépasser celui d'une autre compagnie!

Je pratique un art que moi j'aime, qui me fait plaisir, qui touche à ma personnalité, à mes valeurs, et que je changerai pas pour faire plaisir à ces gens qui ne pensent qu'à décorer leur salon ou leur bureau. Je produis à ma manière: si monsieur ou madame aime, vendu tel quel!

Merci pour cette belle ouverture que tu nous proposes.

Marcelle Hamelin
2013-09-26 @ 10:48:32

Salut à toi, Je fais justement partie de cette catégorie de peintre qui depuis quarante ans a travaillé son art par la pratique pour en premier faire plaisir à la galerie j'ai fais beaucoup d'argent, mais un jour j'en ai eu assez et j'ai sortie des galeries pour me consacrer uniquement à ma recherche pour me découvrir moi-même. Je viens justement de me faire refuser en galerie, car je pense que je ne peins plus pour faire plaisir, je peins ma vie ma démarche, mon cheminement. Je m'amuse et cela me fait rire quand je suis refusé. cela me dit que justement je suis sur le bon chemin.Les marchands ne pense qu'à l'argent. Quand un artiste arrive avec son authenticité, ils ne savent pas quoi faire avec. Ils ne savent pas promouvoir un artiste, ils ne comprennent rien à l'art...........C'est d'une infinie tristesse...Merci ma belle Caroline d'être là. Tu exprimes ce que nous les artistes pensons de tous ça.

France Clavet
2013-09-26 @ 11:09:18

Bravo Caroline! Mille fois bravo pour savoir si merveilleusement bien mettre sur papier ce que nous les artistes aimerions tous exprimer; et même ce faisant, celà n'aurais jamais le même impact que lorsque c'est une personne comme toi qui l'exprime. Je vais photocopier cet article et l'exposer dans mon atelier afn d'en faire prendre connaissance au plus grand nombre de gens possible; il fallait vraiment que toutes ces choses soient dites! Encore une fois, merci Caroline

Michelle Thibault
2013-09-26 @ 13:58:34

Bravo pour cet éditorial Caroline, si bien dit et si vrai.

Maev
2013-09-26 @ 16:35:13

Caroline, comme c'est bien dit et bien exprimé.Pour ma part je me suis peu exprimée encore au travers ces échanges,pas manque de temps. Par contre, je conçois l'art Visuel comme un kaléïdoscope, où chaque artiste capture une facette multicolore et l'exploite avec son coeur, son âme et son esprit. Pour moi ma manière de peindre et de l'exprimer passe avant tout par l'esthétisme, la sensualité, au travers le rêve et l'imaginaire. Il n'y a rien d'absurde dans l'art, l'oeil du peintre nous montre en fait des mondes inexplorés, des projections de lui-même ,au travers son imaginaire et sa vision intérieure. Je ris parfois de toutes les fantaisies de ma créativité, car elles m'amènent le plus souvent à une expression tellement hors du temps, hors réalité, que je me demande parfois si je ne vis pas réellement ce monde de fantaisie. Oui l'artiste est là pour exprimer, montrer aux spectateurs que notre monde n'est pas fou, il est seulement expressif, riche en couleurs, en émotions et tellement différent du monde dans lequel nous vivions. Je souhaite que nous soyons les artistes d'aujoud'hui pour un monde de demain différent et meilleur. Maev

Johanne Maheux
2013-09-26 @ 19:17:05

Votre texte me touche et me réconforte sur le pourquoi je peins malgré tout. Merci de cette belle réflexion.

Jean-Marie Laberge
2013-09-26 @ 21:32:55

Excellent article. Fallait mettre les points sur les i s.

Je m’inscris en faux face à toutes ces démarches artistiques stériles. J’aime bien que l’artiste sache dessiner et former avant qu’il décide de déformer. Je pense que la peinture est une démarche personnelle, à moins qu’elle ne soit intégrée à un projet collectif, et que l’artiste exprime les sentiments qui l’anime, ses convictions profondes, le tout avec maestria, pourquoi en serait-il autrement ? Pourquoi en peinture et en sculpture on ne devrait rien connaître, rien maîtriser et que tout le monde serait artiste…

Bravo.

Jean-Marie

Christine Morency
2013-09-27 @ 07:33:18

Quel beau billet !

Ca explique pas mal en gros pourquoi j'ai fait le choix de prendre un atelier avec pignon sur rue pour m'amuser à peindre ce que je veux sans me soucier des modes, des galeries commerciales, des tendances et tout... Après 20 ans de graphisme et arts visuels de toutes sortes, ca m'était impossible de me faire représenter par des galeries qui m'auraient dit quoi peindre et quoi faire ! ...une brève expérience avec eux a suffit à me prouver de leur manque de sensibilité sur ce qu'est un artiste et sa motivation à peindre. Les vraies galeries qui te laissent peindre avec le coeur, ce que tu veux, sont rares et c'est avec elles que je fais uniquement affaire...(et qui plus est, elles de doivent pas "booster" mes prix :) mais ça c'est un autre sujet :) )

En démarrant ma propre atelier ouvert au public, j'ai réalisé enfin toute la liberté que ca m'offrait. Loin des tendances j'ai pu m'adonner à peindre QUE pour exprimer quelque chose, être fidèle à ce que je suis et à mes démarches qui sont toutes axées sur ma propre vie...

Récemment j'ai eu le plaisir doublé d'une fébrilité nouvelle, de reconquérir un sujet que j'avais eu envie d'exploiter étant plus jeune, la faune sauvage...je l'avais mis de côté parce que de trop nombreuses zones d'inconfort montaient.. Dernièrement j'ai eu l'élan de reprendre le sujet, particulièrement l'éléphant, et ce uniquement pour exprimer ce que je porte de plus vulnérable en moi...je pleure presque en les peignant!...:) surprise, surprise, les gens qui entraient à mon atelier se dirigeaient droit sur eux en m'exprimant à à leur tour ce qu'ils ressentaient...tant et si bien que je n'en ai plus qu'un seul à mon atelier, envolés comme des pains chauds....ca m'a montré à quel point ce que l'on peut transporter avec sa peinture rejoint une clientèle et ce "même si" ou "en dépit du fait" (diront les galeries commerçantes) que ce ne sont pas des oeuvres décoratives...

alors oui, je préfère de loin peindre moins et être plus pauvre avec des oeuvres non décoratives qui ne se vendraient pas nécessairement en galerie, parce que je suis fidèle à ce que je suis et dans la vie, m'être fidèle est ma priorité...:)

Claire Gendron
2013-09-27 @ 10:36:13

Ce texte inspiré est reçu comme un beau cadeau ce matin. Il nourrit ma réfection. L'angle sous laquelle vous présentez la situation me touche. Je partage tout à fait votre vision. J'en viens à la conclusion que l'acte de créer est un besoin fondamental pour plusieurs, aussi fort que le besoin de dormir et de se nourrir. La commercialisation, entre autre, de l'art brouille parfois la nécessité de créer. Merci de partager votre vision.

marsan
2013-09-27 @ 14:45:52

Chère Caroline, ce texte est très à propos. La seule vérité pour un artiste, c'est d'être honnête avec lui-même. Le rôle des galeries est de diffuser et de vivre de cette diffusion. Il appartient à chaque artiste de trouver l'endroit qui lui convient sans jamais perdre de vue que c'est lui seul qui sait ce qu'il veut et doit accomplir. Depuis fort longtemps, j'ai appris que le respect des autres passe par le respect de soi. Je fais mon travail, suis MA ligne de conduite et je n'ai rien à quémander. Quand j'offre mon travail à un galeriste, je propose une collaboration: avez-vous la clientèle pour mon genre de travail ? Oui? asseyons-nous et regardons quelle peut être la collaboration qui fera que chaque partie soit heureuse dans le processus. Non ? Merci de m'avoir écouté. Connaissez-vous quelqu'un qui serait intéressé par ce genre de travail ? Notre démarche artistique ne regarde que chacun de nous et personne n'a à nous dire quoi faire. Comme tu le dis si bien Caroline les apprentissages sont nécessaires et pour ma part, après 40 années de métier, je considère que j'ai encore tout à apprendre. Dans mon atelier, j'expérimente toutes sortes de directions et jamais, je ne laisserai un galeriste me dire ce que je dois faire. La terre est vaste, et quand une entente avec le marchand ne sera plus possible, je lui dirai merci pour le temps de notre collaboration et m'orienterai ailleurs. Cela me désole toujours quand je vois un artiste être décontenancé par les demandes des diffuseurs. Le marchand a une vision rentabilité et il est certain que ce n'est pas compatible avec le processus de création d'une oeuvre. Je fais aussi, la différence entre un conseil d'une personne chevronnée et une demande qui dirige ma démarche. En tant qu'artiste, je préfère garder mes angoisses de la page blanche plutôt que l'angoisse du chèque blanc. Je termine avec ma sempiternelle phrase qui reste toujours vraie. Le travail, le travail, le travail... En dehors du travail acharné dans notre atelier, point de salut! Ah! Oui, j'oubliais... être en paix avec soi et accepter que tous ne sont pas obligé de nous aimer ou d'aimer notre travail. En tous les cas, pour ma part, cela me rend plus calme et me donne de l'assurance.

Jacqueline Gosselin
2013-09-28 @ 09:55:39

Bravo Caroline...tu sais si bien décrire ce qui se trouve au coeur même de la passion artistique plus que le simple plaisir de peindre.....c'est l'expression de l'âme qui nous habite!

Danielle Giroux
2013-09-28 @ 13:44:47

Enfin quelqu'un qui comprend!

Danny Barbeau
2013-10-02 @ 13:05:07

Quelle grande satisfaction nous procure chacun de vos éditoriaux. Vous avez une écriture exceptionnelle et surtout une façon de parler de nous les artistes avec une telle justesse. Je fais partis depuis peu de l'académie et j'en éprouve une grande fièreté. Vous etes tres inspirante.Je suis tres occupé par le quotidien qui m'oblige a rentrer de l'argent pour vivre ce qui me ralenti dans le dévelloppement de mon art mais comme vous le dites si bien on évolue souvent a la dure. Je suis surement en train de d'emmagasiner tout ce que j'ai besoin pour la création de mes prochain tableaux. Merci de m'avoir accueilli à bras ouvert. Mes sincère condoléance pour la perte de l'homme si précieux dans votre vie. Je trouve sans vous connaitre personnellement que vous vivez tout ça d'une façon tellement(géniale). Je n'ai pas trouvé le bon mot. Vous etes merveilleuse!

Suzanne Richer
2013-10-02 @ 23:23:59

Chère Caroline,

J'aime la pertinence de vos propos,ils sont le reflet d'une réalité relier au monde des arts,monde que vous connaissez si bien.Merci d'être la pour nous.C'est toujours un bonheur de vous lire,même si je ne commente pas souvent.

Gisèle Rivard
2013-10-03 @ 14:54:35

Merci Mme Caroline ,c'est si vrai ce que vous exprimé dans ce texte.Je suis professeur depuis bien longtemps en art et je dis toujours à mes nouveaux élèves, que je vais vous enseigner à peindre et non vous enseigner à peindre comme moi. L a barrière du respect de votre moi m'empêche de dépasser cette limite entre mon enseignement et vous. Merci pour ce texte ,il devrait être publié.On me demande souvent de juger des tableaux aquarelles ou autres, combien de fois je passe devant des COPIES ARRANGÉES et des FAIRES JOLI, Il y a trop de ces supposés artistes. Combien d'associations aussi se créent pour se ramasser des sous sur l'acceptation de croûtes et de papier coloré.Je suis un rpofesseur toujours en recherche afin d'aider ceux qui me consultent,et d'approfondir de ce que je parle. Merci encore et QUAND un texte sur UN VRAI PROFESSEUR? Je reçois des élèves enfermer dans un espèce e corridor fermé dû à ce SUPPOSÉS profs qui n'ont que l'habileté au bout des doigts.

Julie Marie-Claude Lemaire
2013-10-04 @ 02:28:06

(Caroline)...Elle a les mots pour expliquer se que je ressens... Et la sagesse que j'appends peu à peu de l'art...Merci!

Marcelle
2013-10-04 @ 09:00:31

Hé bien bravo Caroline. Ceci est un effet volontaire de reconnaissance authentique qui est louable et courageux face à la mode et à la pensée de certains gouvernements et individus. Bonne continuité à nous tous.

 

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