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Fils RSS    [VERSION PDF]      Par Caroline Bruens | le 2012-08-09

Les artistes, le marché de l'art et les élections!

En ce mois d’août 2012, le Québec est en pleine effervescence. Des élections provinciales sont annoncées pour le 4 septembre prochain. 3 partis politiques et quelques autres moins importants se font une guerre préélection habituelle à un rythme accéléré. La valse des millions et des milliards tourne à une cadence effrénée. Les programmes de chaque parti sont, il est vrai, très différents les uns des autres; on y va de la corruption à l’éducation, de l’économie aux élections à date fixe et de la santé aux droits des familles. Tout y passe, tout ? Non. Nous avons entendu un chef promettre un fond pour la culture sans précision au sujet des arts visuels, sans que nous sachions vraiment ce qu’il entendait par culture. Mais il est un sujet qu’aucun chef n’a relevé et pourtant ce sujet génère, dans son ensemble, quelques milliards de dollars par année, il s’agit du marché de l’art et particulièrement des arts visuels, très productif à bien des égards, mais qui a besoin d’une étude en profondeur et de règles commerciales, jusqu’à présent inexistantes.

En ce qui concerne le marché de l’art au Québec, il y aurait beaucoup à dire. Nous savons que pour pratiquer la profession de courtiers financiers, immobiliers, d’assurances et d’investissements divers, il est nécessaire de suivre une formation et donc d’être licencié. La vente d’œuvres d’art, qui dans de nombreux cas représente un investissement à moyen et long terme, est permise à tout un chacun. N’importe qui, sans aucune expérience, sans aucune connaissance, peut louer demain un espace suffisant, qu’il transformera en galerie d’art en accrochant aux cimaises des tableaux pris en consignation. Nous avons, comme partout dans le monde, d’excellentes galeries d’art dirigées par des marchands de tableaux dans le métier depuis quinze, vingt ou trente ans, et donc très sérieux et très expérimentés. D’autre part, nous avons aussi au Québec de très nombreuses boutiques à tableaux, ces dernières vendent le plus souvent des tableaux importés d’Asie, d'Europe, des États-Unis, des oeuvres canadiennes ou québécoises sans aucune valeur, où encore, des œuvres d’artistes émergents à qui il est donné 20 ou 25% du prix de vente, ce que moi, je nomme de l’arnaque. Un autre sujet qui n’est pas réglé, c’est la question des certificats d’authenticité; nombre d’entre ces certificats ne « certifient rien», sinon que l’œuvre a été achetée à telle date, à tel prix et d’untel. La majorité des marchands de tableaux ne semblent pas savoir qu’il leur faudrait connaître les différents genres de certificats, ce qui d’une part protégerait l’artiste et d’autre part l’acheteur. Comme la question n’est pas réglementée, elle non plus, on peut écrire ou raconter tout ce qu’on veut pour convaincre le client d’acheter. Le dernier exemple que nous avons eu dans le journal et que j’avais dénoncé dans mes livres, mes conférences et dans des magazines au cours des trente dernières années, est celle d’un mensonge éhonté « Il vaut mieux d’acheter pour vous aujourd’hui, car l’artiste est très malade et il peut mourir d’un jour à l’autre; vous pouvez être assuré que ses œuvres prendront une grande valeur ». J’ai entendu cette affirmation maintes et maintes fois au cours de ma carrière. Anticiper professionnellement la valeur des œuvres d’artistes sur le marché à court ou à long terme prend de longues années d’expérience, une étude constante et le suivi de l’évolution de plusieurs dossiers sur le marché de l’art. Naturellement, les exemples ne manquent pas. Je vendais il y a trente ou quarante ans, des tableaux à quelques milliers de dollars,  ces œuvres se vendent aujourd’hui de deux cent mille à 2 000 000 $. À ce sujet, il serait grand temps que des lois et règlements protègent enfin les artistes en leur octroyant un droit de suite et les acheteurs par l’application d’un code d’éthique.

Pour en revenir aux élections, je n’ai pas entendu un seul parti nous parler du marché de l’art, de ses tenants et ses aboutissants. Cette fois-ci, c’est du pareil au même, rien ne change. J’ai quatre-vingt-quatre ans et j’en ai vu des élections. Nous entendons souvent à la télévision de nombreux politiciens nous parler d’art et de culture, pourtant quand ils arrivent au pouvoir, l’art et la culture ne les préoccupent plus. Je dois reconnaître qu’en politique, les femmes ont plus de sensibilité et donc plus d’intérêt pour les arts. Je conseille fortement à tous les artistes du Québec de voter … pour la première fois, et comme l’on fait de nombreux peuples, de voter … pour une femme.

En conclusion, je me souviens de ces femmes artistes, d’une époque déjà lointaine… il y a trente à soixante mille ans, alors qu’elles dessinaient, gravaient, sculptaient et peignaient déjà les animaux qui peuplaient leur environnement. Et ne venez pas me contredire en disant que c’était les hommes qui dessinaient. Premièrement les hommes étaient à la chasse et les femmes, déjà sensibles aux arts, attendaient patiemment le retour de leur guerrier. Et deuxièmement, VOUS…, vous n’étiez pas là.

 

Louis Bruens,

Expert-conseil en marché de l'art et écrivain d'art

Fondateur de l'Académie Internationale des Beaux-Arts du Québec




3 Réaction(s) Écrivez vos réactions à ce texte »

Caroline Bruens
2012-08-09 @ 13:40:34

Depuis l'époque des grottes de Lascaux à nos jours les femmes se sont toujours bien occupées et préoccupées de leur famille et de leur société. Pourquoi serait-ce différent au XXIe siècle. Il faut savoir reconnaître la persévérance, la combativité et l'honnêteté quant elle se révèle. Les vocations soudaines, les changements intempestifs et les promesses sans fondements... le chant des sirènes ne saura pas nous séduire. L'important est de voter, bien sûr, c'est notre responsabilité citoyenne à tous. Il faut aussi se doter d'un gouvernement majoritaire capable de gouverner.

Dionne
2012-08-09 @ 17:51:17

Souhaitons que le gouvernement élu vous entende!

En tant qu'artiste professionnel de la relève, je fais mon ptit bonhomme de chemin et je déplore et n'endosse aucunement l'arnaque fait par les galeriste arnaqueurs.

Je trouve juste qu'il y ait un code d'éthique et il est grand temps qu'il soit rédiger et surtout appliqué.

:) et de vos vénérables quatre-vingts-quatre ans, je trouve admirable votre dévouement pour les arts visuels.

Allons tous au urnes ce 4 septembre pour une vision plus optimiste de notre beau 'pays'!

Martine Gagnon
2012-08-10 @ 19:18:58

Merci!!!!

Je suis très heureuse de vous lire . Je ne pensais pas que le marché de l'art souffrait, lui aussi, de cette terrible maladie si contagieuse :O( .

Je vote pour notre identité, notre culture, le respect de ce que nous sommes. Oui pour une grande Femme.

 

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