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MANIFESTE #5-1 Le rien, le vide, le néant et l'espace

MANIFESTE #5-1 

LE VIDE, LE RIEN ET LE NÉANT... ET L'ESPACE

Au fil de ma carrière en tant qu'experte-conseil en art, j'ai eu le privilège et l'opportunité unique de me plonger dans un univers artistique d'une richesse et d'une diversité inouïes. Ayant été exposée à des centaines de milliers d'œuvres, allant des classiques intemporels aux pièces avant-gardistes, j'ai développé une palette de goûts extrêmement éclectique. Cette expérience m'a permis de cultiver une appréciation profonde pour un large éventail de styles, de périodes et de mouvements artistiques.

Chaque œuvre d'art, avec sa propre histoire, sa texture et son langage visuel, a contribué à élargir ma compréhension et mon appréciation de l'art. Cette exposition constante à une telle diversité m'a enseigné à apprécier non seulement la beauté et la technique, mais aussi les idées, les émotions et les récits qui se cachent derrière chaque création.

Mon expérience en tant qu'experte-conseil en art m'a donc permis de développer une sensibilité artistique qui embrasse à la fois le traditionnel et le contemporain, le figuratif et l'abstrait, le minimaliste et le complexe. Cette richesse de perspectives me permet d'apprécier l'art sous toutes ses formes, reconnaissant la valeur et la beauté dans une gamme incroyablement large d'expressions artistiques.

Depuis plusieurs années, je suis fascinée, interloquée et parfois fâchée par les différentes représentations artistiques de certains concepts. L’écriture de mon manifeste m’a amené à les approfondir pour mieux les comprendre afin de pouvoir vous donner mon point de vue éclairé et pour mieux expliquer ce qui, je pense, ressort de ces concepts, pour que nous puissions tous nous faire une meilleure idée sur la question. Il ressortira de cet exercice une meilleure lecture, donc une meilleure compréhension et intégration de ces pensées contemporaines. J'ai procédé par répétition du thème et par développements explicatifs.

LE RIEN, LE VIDE ET LE NÉANT : J’aborde donc le concept du vide, du rien, et du néant en art, je plonge dans une exploration philosophique et esthétique fascinante. Ces notions, bien que semblant absentes de substance, sont en réalité chargées de significations profondes dans le monde de l'art.

Le vide en art n'est pas simplement l'absence de contenu. Il peut être vu comme un espace de possibilités, un lieu d'attente pour le sens à venir. Dans la tradition asiatique, notamment dans l'art japonais, le vide est souvent utilisé pour évoquer la spiritualité, la simplicité et la concentration sur l'essentiel. L'artiste crée un espace où l'observateur peut projeter ses pensées et émotions.

Le rien, d'autre part, peut être interprété comme une déclaration contre la surabondance visuelle de notre société. Des artistes comme Yves Klein avec son célèbre "Le Vide" ont exploré cette idée. Klein a présenté une galerie vide, invitant les spectateurs à contempler le rien comme une œuvre d'art, défiant ainsi nos attentes habituelles de ce que devrait être l'art.

Le néant, quant à lui, va un peu plus loin. Il peut être vu comme une réflexion sur l'absurdité ou l'inexistence. Cela peut être une critique de la société, de la culture ou même de la notion d'art lui-même. Des artistes conceptuels utilisent souvent le néant pour remettre en question les limites de l'art et son rôle dans la société.

En bref... Le vide, le rien et le néant en art ne sont pas simplement des absences. Ils sont des espaces pour la réflexion, la critique et l'exploration de nouvelles dimensions de la pensée et de la création artistique. Pourtant, je me suis souvent sentie dupée par les reportages à sensation, ou devant des rétrospectives de rétrospectives traitant du vide et du rien… de toutes ces salles blanches où le public se sentait ridiculisé lui aussi à cause d'un manque de préparation causant une grande incompréhension. J’ai poussé plus avant …me laissant porter par ma réflexion en m’interrogeant surtout sur le pourquoi de ces expositions, puis de ces rétrospectives.

ET L'ESPACE DANS CELA

Commentaire de Philippe Giroux (2024-01-11 @ 14:03:16)

Je me souviens d'une époque alors que je concevais des décors dans les vitrines de certaines boutiques, j'aimais que mes concepts respirent et ils incluaient souvent des espaces. Et les propriétaires me disait « mais il n'y a rien à cet endroit, c'est vide, mets quelque chose de plus.» Et j'essayais de mon mieux de leurs expliquer que ce n'était pas un vide, mais un espace et que c'était important dans le concept décoratif. En général, ça ne passait pas. Rire ! Dans ma première toile exécutée cette année, « Le léandais », l'espace occupe une grande partie de la surface peinte. Cet espace étant quelque chose, j'aurais du mal à dire qu'il s'agit d'un vide, du rien ou du néant. Devrions nous alors l'ajouter à la suite: LE RIEN, LE VIDE, LE NÉANT ET L'ESPACE ? Je me pose la question.

L'exploration de l'espace dans le domaine artistique, telle qu'évoquée par le commentaire de Philippe Giroux, ouvre une réflexion fascinante sur la distinction entre le vide, le rien, le néant, et l'espace dans l'art. Son expérience dans la conception de vitrines de boutiques révèle une compréhension profonde de l'espace non seulement comme absence, mais comme un élément de design crucial.

L'Esprit de l'Espace en Art et Design

Dans l'art, l'espace ne se limite pas à une simple lacune ou un vide. Il représente plutôt une toile de fond silencieuse mais puissante sur laquelle les éléments visuels peuvent interagir, respirer et s'exprimer. Comme le souligne Giroux, les espaces dans ses concepts de vitrine ne sont pas des vides sans signification, mais des zones délibérées qui renforcent la présentation globale. Ces espaces peuvent être perçus comme des respirations visuelles, offrant au spectateur une pause, un moment de répit dans la densité visuelle qui l'entoure.

La confusion souvent rencontrée par Giroux – la pression de remplir chaque espace – révèle un malentendu courant sur la nature de l'espace en art. L'espace n'est pas un défaut à corriger, mais un composant essentiel à l'équilibre et à la composition. C'est dans ces zones non occupées que le regard peut se reposer, permettant ainsi aux éléments environnants de se démarquer avec plus de clarté et de puissance.

Le travail de Giroux sur « Le Léandais. » illustre parfaitement cette idée. L'espace y occupe une place prédominante, non pas comme un manque, mais comme une présence qui apporte profondeur et perspective à l'œuvre. Cet espace n'est ni vide, ni rien, ni néant – c'est un élément actif qui participe à la narration visuelle de l'œuvre. Il invite à la contemplation et à l'interprétation, donnant au spectateur la liberté d'explorer et d'interpréter l'œuvre de manière personnelle.

La réflexion de Giroux soulève une question pertinente : devrions-nous considérer l'espace comme un concept à part entière dans le discours sur l'art, au même titre que le rien, le vide et le néant ? La réponse semble être un retentissant oui. L'espace, dans son essence, est un protagoniste silencieux dans l'art. Il orchestre la dynamique visuelle et joue un rôle crucial dans la façon dont nous interagissons avec une œuvre. Ma pensée vogue vers un autre artiste qui explore avantageusement ce concept, je parle de Guy Paquet.

En définitive, la reconnaissance et la valorisation de l'espace dans l'art et le design sont essentielles. Comme le démontre l'expérience de Philippe Giroux, l'espace n'est pas un vide à combler, mais un champ de potentialités expressives et un élément fondamental de la composition artistique. C'est une entité à part entière, méritant d'être explorée et appréciée dans sa pleine mesure.

 

 


4 Réaction(s) Écrivez vos réactions à ce texte »

Philippe Giroux
2024-01-11 @ 14:03:16

Je me souviens d'une époque alors que je concevais des décors dans les vitrines de certaines boutiques, j'aimais que mes concepts respirent et ils incluaient souvent des espaces. Et les propriétaires me disait "mais il n'y a rien à cet endroit, c'est vide, mets quelque chose de plus." Et j'essayais de mon mieux de leurs expliquer que ce n'était pas un vide, mais un espace et que c'était important dans le concept décoratif. En général, ça ne passait pas. Rire ! Dans ma première toile exécutée cette année, "Le léandais", l'espace occupe une grande partie de la surface peinte. Cet espace étant quelque chose, j'aurais du mal à dire qu'il s'agit d'un vide, du rien ou du néant. Devrions nous alors l'ajouter à la suite: LE RIEN, LE VIDE, LE NÉANT ET L'ESPACE ? Je me pose la question.

HeleneCaroline Fournier
2024-01-27 @ 22:09:25

En supplément d'information. Après une recherche sur le vide et le plein dans la peinture contemporaine de 2016 à 2018, mais qui n’a pas donné lieu à une publication faute d’intérêt sur le sujet (car le concept était jugé trop philosophique), j’ai néanmoins trouvé que le concept du vide et du plein dans la peinture contemporaine explorait la relation entre les éléments présents dans une œuvre artistique, que ce soit en termes d'espace, de formes ou de textures. Ces notions ont été explorées de différentes manières par les artistes contemporains, chacun apportant une interprétation unique à travers son style artistique, son message et sa vision personnelle. Nous ne sommes pas confortables avec l’idée de « vide » dans notre civilisation occidentale. Pour nous, le « vide » signifie le « rien », l’absence de quelque chose (et forcément, le désir de remplir ce vide par quelque chose qui donnera l’impression de nous « remplir » ou de nous « combler »). Or, dans la peinture asiatique, le concept du vide et du plein revêt une signification profonde et est souvent influencé par des principes esthétiques, philosophiques et spirituels propres à différentes traditions artistiques de l'Asie, notamment la peinture chinoise, japonaise et coréenne. La peinture asiatique, en particulier la peinture chinoise, est souvent imprégnée de philosophies comme le taoïsme et le bouddhisme. Ces traditions accordent une grande importance au concept du vide, représentant l'idée du Wu Wei (l'action sans agir) dans le taoïsme et de la vacuité (Shunyata) dans le bouddhisme. Dans la peinture, le vide peut symboliser l'espace, la méditation et le calme intérieur. La philosophie du yin et du yang, qui repose sur l'idée de l'équilibre des forces opposées et complémentaires, peut influencer la manière dont le vide et le plein sont utilisés dans la peinture asiatique. Un équilibre harmonieux entre les zones pleines et vides est souvent recherché pour créer une esthétique équilibrée. La peinture asiatique tend souvent vers la simplicité et le minimalisme. Le vide est parfois utilisé pour exprimer la beauté dans la simplicité, soulignant l'idée que moins peut être plus. Les espaces vides peuvent permettre au spectateur de méditer sur l'essence de ce qui est représenté. Les peintres asiatiques ont une longue tradition de représenter la nature dans leurs œuvres. Le vide peut être utilisé pour représenter des éléments tels que l'eau, le ciel ou l'espace, soulignant l'interconnexion et l'harmonie entre l'homme et la nature. La calligraphie est souvent intégrée à la peinture asiatique. Les traits de pinceau sont considérés comme une expression artistique à part entière. Le vide entre les traits est aussi important que les traits eux-mêmes, créant une dynamique énergétique et un équilibre visuel. Certains artistes asiatiques utilisent le vide pour évoquer un sentiment de temporalité et de mouvement. Des techniques telles que la peinture à l'encre rapide peuvent créer des espaces vides qui suggèrent le passage du temps ou le mouvement dans la nature. Le vide peut être utilisé pour inviter à la contemplation et à la réflexion intérieure. Dans certaines traditions artistiques asiatiques, le vide peut être associé à des notions spirituelles de purification et de calme intérieur. Bref, dans la peinture asiatique, le vide et le plein sont souvent imbriqués dans une quête d'harmonie, d'équilibre et de connexion avec la nature et les principes philosophiques. Ces concepts sont intégrés de manière subtile pour créer des œuvres qui transcendent simplement la représentation visuelle pour atteindre des dimensions philosophiques et spirituelles plus profondes. Ce sont des notions qui échappent à notre entendement occidental. Nous avons la manie de mettre des éléments dans une peinture ou dans un espace vide, juste pour faire « beau » ou pour combler un « vide ». L’exploration de la matérialité (et, donc, de la de matérialité) est très intéressante. Nous n’avons pas la même vision des artistes asiatiques sur « l’espace » (qu’on ne peut pas appeler « vide »). Nous, il nous faut remplir à l’excès parce qu’on craint le silence, on craint le vide qui nous rappelle « la perte » ou « le manque » de quelque chose (ou de quelqu’un).

kathy grant
2024-02-01 @ 22:21:26

Je dirais que le Rien est un Tout, le Vide est l Immensité et que le Néant est seulement l espace en mouvement. C est une toile formidable!

Ginette Aah
2024-04-01 @ 22:29:27

J'ai étudié de 1990 à 1994, le Desing intérieur aux Ateliers Imagine à Québec tout en continuant à enseigner les arts visuels à temps plein. Mon mari et moi avons créé notre commerce sous la bannière «Décoration Excellence» de 1995 à 2007. Ce fut une très belle expérience et je dirais que le Design d'intérieur et les Arts visuels ont des similitudes. J'ai appris au cours de ma carrière en décoration que trop charger un décor manque de cohérence, d'unité et d'harmonie. Cela fait confus! Trop charger un décor devient superflu et empêche de faire valoir de beaux élémens de design dans une pièce. Il faut apprendre à dépouiller le décor. En ces temps-ci, la décoration s'inspire du scandinave où la simplicité est à son meilleur. Par exemple, dans les années 90, la mode était aux couleurs foncées sur les murs. Mais depuis quelques années, on veut de la lumière et le blanc est partout sur les murs et même dans le mobilier et les cuisines toutes blanches. Les gens recherchent l'éclairage, le côté lumineux même en ajoutant en plus des puits de lumière. Ils recherchent la simplicité et l'harmonie juste en ajoutant des accents de couleurs. Le blanc est pratique car on peut changer facilement le décor en changeant les accessoires et quelques accents de couleurs et nous voilà avec un nouveau décor. Dans mes tableaux de fleurs, je fais souvent des gros plans qui remplissent toute la toile car je veux voir et percevoir tous les détails qui caractérisent une fleur. Donc, il n'y a pas de Vide ni de Néant. Mais il y a le Plein. Est-ce que c'est mal? Je me pose la question.

 

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