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Fils RSS    [VERSION PDF]      Par Louis Bruens | le 2006-03-21

LES VRAIS, LES FAUX ET LES FAUX VRAIS... À 5 SUR 5

5 sur 5, à Radio-Canada, est, faut-il le dire, une excellente émission à laquelle je suis très attaché, mais le 11 mars 2006, une discussion au sujet d’un tableau, possiblement faux, de M.A. de Foy Suzor Côté, a manqué d’informations et risque d’induire les téléspectateurs en erreur. D’après ce qu’on a vu, on pourrait croire que l’investissement en œuvre d’art comporte beaucoup de risques.

Le  tableau figuratif en question a été présenté d’abord à des spécialistes en art contemporain, puis à monsieur Iégor de St-Hyppolite, encanteur, et enfin à monsieur Laurier Lacroix, professeur d’histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal, spécialiste de Suzor Coté. Tous les intervenants, à part monsieur Lacroix, se déclarent non spécialistes ou non experts en la question, mais disent directement ou indirectement que ce n’est pas un vrai Suzor Coté.

Tout se passe comme si ce maître de la lumière qu’était Suzor Coté n’avait jamais fait d’œuvres de jeunesse, qu’il n’avait jamais raté de tableaux, que, dès ses débuts, ses tableaux étaient aussi bons que ceux de sa meilleure période. Or, il n’a jamais été question au cours de l’émission d’expertise scientifique, de l’âge des pigments par analyse, de l’âge de la toile de lin, de comparaison de l’écriture picturale avec une œuvre de la même époque éventuelle, par macro-photographie, de comparaison de la palette du peintre avec ce qu’on en sait, de découverte possible d’un autre tableau caché au-dessous, par rayons X ou infrarouge, et, quant à la signature, un artiste qui a un coup dans l’aile, après avoir pris quelques verres d’absinthe, peut très bien avoir mal signé un de ses mauvais tableaux , avant de le mettre au grenier.

Plus tard, après sa disparition, cette croûte peut facilement se retrouver sur le marché. On oublie trop souvent de rechercher dans la petite histoire les débuts d’un artiste et ses frasques de jeunesse… surtout lorsqu’il vit à Paris, frasques dont on ne parlera jamais, lorsqu’il aura atteint la gloire. Un artiste, qu’il soit peintre ou sculpteur, ne réussit pas toujours que des chefs d’œuvres. Ce qu’il y a de plus aisé, c’est de confondre un bon d’un mauvais tableau lorsqu’il est signé par un peintre de renom. On oublie trop souvent aussi qu’une signature évolue au gré du temps et peut se transformer pour une question de vision, d’âge ou de maladie. Les causes d’erreurs de jugement sont nombreuses et j’avoue en parler en connaissance de cause. Lors de cette émission, l’occasion était belle de parler de l’expertise scientifique, ce qui aurait expliqué au téléspectateur  les moyens existants de découvrir l’authenticité  d’une œuvre de valeur. Au cours de l’histoire, de nombreux « experts » se sont souvent « gourés » après un long regard sur des œuvres d’artistes réputés, que ce soit en France, en Italie, en Belgique ou en Hollande.

Voici une anecdote. Durant la guerre de 1939 -’45, un nommé Hans Van Megeren vendait aux Allemands, et particulièrement au gros Goering, très proche d’Hitler et grand collectionneur, des œuvres de Vermeer, Hals, Terboch, Hoogh et d’autres maîtres Flamands. Ces tableaux étaient vus par des experts allemands, qui donnaient toujours un avis positif. Après la guerre, Van Megeren a été arrêté et condamné à la prison pour avoir vendu ces tableaux aux ennemis. Sa défense n’a pas été écoutée lorsqu’il affirmait que tous les tableaux étaient des faux, tous  peints par lui-même. Il a pourtant prouvé ses dires. À sa demande, on lui a fourni tout ce qui lui était nécessaire pour peindre, et, en prison,  il a réalisé, durant plusieurs mois, quelques nouveaux Rubens et Rembrandt. Ses faux tableaux ont été présentés à plusieurs experts connus et ces derniers les ont trouvé parfaitement vrais. Van Megeren a été libéré sur le champ. C’était un des meilleurs faussaires du siècle dernier avec Alin Marthouret et Elmyr de Hory. On découvre dans l’histoire de la peinture des centaines d’histoire d’horreur de ce genre et ce, dans les deux sens : des faux pris pour des vrais et des vrais pour des faux.

Dans le cas qui nous occupe, je ne veux mettre un seul instant en doute la parole du professeur Laurier Lacroix, mais je ne peux m’empêcher de me rappeler le nombre de tableaux qui ont été erronément jugés et les nombreuses toiles d’artistes canadiens que j’ai personnellement expertisées, pour découvrir le plus souvent des résultats bien différents de ceux qui avaient été annoncés par des gens réputés experts… car ils étaient galeristes. Alors, avis aux intéressés : ouvrez une galerie d’art et vous serez instantanément devenu « Expert ».


4 Réaction(s) Écrivez vos réactions à ce texte »

Marcel Charest
2008-07-18 @ 11:07:02

Si deux personnes s'entendent sur le prix d'un objet, elles peuvent conclurent une affaire; quelque soit le degré d'expertise de chacun.Un tiers parti plus éclairé peut déclarer toute cette affaire comme une fumisterie; mais, vis-à-vis la loi, c'était une affaire conclue entre adultes "consentants". On peut institutionnaliser en langage légal la bonne volonté, pour un temps...

louis masson
2010-02-07 @ 07:33:33

les faux tableaux quebecois sont legions.Rien quà Rimouski,j ai vu un tres mauvais Marc-Aurele Fortin et un faux Cosgrove...Rajoutez des faux rene richard...tels que vu dans Magazinart, quel mois deja...Cest tout plein de faux.Et ca ne derange personne, ni lacheteur, ni le vendeur, ni la galerie,...et ni le faussaire.

Diane Turmel
2011-05-21 @ 15:04:32

ayant reçu cette semaine un message du raav dénonçant un certain plagia arrivé au Saguenay j'en profite pour appuyer votre merveilleux verbe si véridique comme toujours dans vos écritures dénonçant les sans scrupules qui osent s'afficher à face du monde dont les copies nuisent aux créateurs d'oeuvres originales que des artistes prennent des années à former leur prope facture picturale se débattant pour survivre je parle de ceux qui ont ce feu sacré à l'intérieur les vrais.mais comme vous le dite il y aura toujours de l'ivraie à travers le bon grain,il y en a partout .Mais temettons donc ce qui appartient à cesar,même vous dans vos publications on tente de s'approprier vos écritures intellectuelles.Ily a t-il des règles qui nous protègent et quand comprenderons donc que la Création enrichie notre culture commune Mais pour cela il faudra faire un grand pas celui de l'intérieur et c'est pas pour demain que la conscience humanitaire le fera .

Caroline BRUENS
2013-11-13 @ 11:16:53

Les copier-coller ou légères adaptations de tous nos textes sont légions. Il nous faudrait poursuivre auprès de la SODEC tout le monde qui s'approprient tous nos textes, alors que Louis a comencé à traiter le sujet des arts visuels en 1960 et ensemble depuis 1988. On parle ici de plusieurs centaines de textes. Il faut que les artistes et les collectionneurs soient sensibilisés à cette question fondamentale. L'artiste ou la personne qui copie ne doivent pas se sentir très valeureux. Et le collectionneur est floué, lui.

 

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